L’assurance-emploi (AE), parfois appelée « assurance-chômage », est un dispositif crucial pour les travailleurs au Canada, y compris au Québec. Pour ceux qui vivent au Québec — qu’ils soient nouveaux arrivants, travailleurs temporaires ou résidents permanents — comprendre le fonctionnement de l’assurance-emploi peut offrir une sécurité financière importante en cas de perte d’emploi, de maladie ou de congé parental. Dans ce guide complet, nous expliquons ce qu’est l’assurance-emploi, qui peut en bénéficier, comment faire une demande, quel montant on peut recevoir, les obligations à respecter, ainsi que quelques conseils pratiques pour maximiser l’aide.

1. Qu’est-ce que l’assurance-emploi (AE) au Canada et au Québec
L’assurance-emploi, gérée par Service Canada, est un programme fédéral qui offre un soutien financier temporaire aux travailleurs qui perdent leur emploi involontairement, sous certaines conditions. L’objectif principal est d’aider ces travailleurs pendant qu’ils cherchent un nouvel emploi ou participent à des activités de formation. Ce programme couvre également des situations spécifiques comme la maladie, la maternité, le congé parental, ou encore le soin à un proche en difficulté.
Bien que l’assurance-emploi soit un programme national, il concerne directement les travailleurs au Québec. Cependant, certains aspects de leurs cotisations ou de leur indemnisation peuvent différer du fait des particularités du Québec (par exemple, le Régime québécois d’assurance parentale — RQAP — joue un rôle complémentaire).
2. Qui peut bénéficier de l’assurance-emploi au Québec

Le programme d’assurance-emploi s’adresse principalement aux travailleurs salariés, mais dans certaines conditions, les travailleurs indépendants peuvent aussi être couverts. Voici une vue d’ensemble des profils éligibles :
- Travailleurs salariés : pour bénéficier de l’AE, il faut que l’emploi ait été « assurable » c’est-à-dire que l’employeur contrôlait le salaire, les horaires de travail, et que le travailleur avait un lien d’emploi classique. Tous les emplois ne sont pas assurables, mais la plupart des emplois salariés le sont.
- Travailleurs indépendants : il est possible de s’inscrire volontairement au régime d’assurance-emploi pour certaines prestations (ex. parentales, maladie) en optant pour le programme si on en fait la demande.
- Nouveaux arrivants : un immigrant qui a commencé à travailler au Québec peut être admissible à l’assurance-emploi, à condition d’avoir cotisé par le biais d’un emploi assurable et d’avoir accumulé le nombre d’heures requis pendant la période de référence.
- Travailleurs temporaires : s’ils cotisent (via leur emploi assurable), ils peuvent être éligibles à l’assurance-emploi dans les mêmes conditions que d’autres salariés.
3. Conditions d’admissibilité à l’assurance-emploi

Pour recevoir des prestations d’assurance-emploi, il faut répondre à plusieurs critères :
- Perte d’emploi admissible : l’emploi perdu doit être dû à des raisons « valides » — par exemple, un licenciement, une fin de contrat, une réduction des heures de travail, etc. Si un travailleur démissionne, il ne sera pas toujours admissible à des prestations standard, sauf dans certaines situations exceptionnelles (par exemple, pour des raisons de violence domestique ou de santé).
- Heures assurables : il faut avoir travaillé un certain nombre d’heures assurables durant la « période de qualification » (généralement les 52 semaines précédentes, mais cela peut varier selon la région et le taux de chômage). Ces heures sont le socle pour calculer la durée et le montant des indemnités.
- Période de carence : il y a souvent une période de carence de 7 jours pendant laquelle aucun paiement n’est versé, sauf cas particuliers.
- Disponibilité et recherche d’emploi : pour percevoir les prestations, la personne doit être prête à travailler immédiatement et activement chercher un emploi convenable. Elle doit aussi faire des déclarations régulières (souvent toutes les deux semaines) à Service Canada pour prouver qu’elle répond toujours à ces conditions.
- Revenu déclaré : si, pendant que la personne perçoit des prestations, elle génère un revenu (par exemple avec un petit job à temps partiel), elle doit le déclarer. Ce revenu pourrait réduire le montant des prestations ou leur durée.
4. Types de prestations d’assurance-emploi
L’assurance-emploi ne sert pas uniquement à compenser une perte d’emploi : il existe différents types de prestations, selon les situations.
- Prestations régulières : ce sont les plus courantes. Elles s’appliquent quand un travailleur perd son emploi sans que ce soit de sa faute et qu’il remplit les conditions d’heure et de recherche d’emploi.
- Prestations de maladie : si une personne tombe malade ou se blesse et ne peut pas travailler, elle peut être admissible à des prestations maladie d’assurance-emploi. Cela nécessite un certificat médical et parfois certaines conditions d’heures de travail.
- Prestations maternité et parentales : elles sont très importantes pour les parents. Toutefois, au Québec, un régime parallèle existe : le RQAP (Régime québécois d’assurance parentale). Le RQAP verse des prestations parentales et maternité, donc l’AE joue un rôle complémentaire selon les cas.
- Prestations de compassion : si quelqu’un doit s’occuper d’un proche gravement malade, il peut demander des prestations d’assurance-emploi dites de compassion.
- Prestations de pêche : pour les travailleurs de la pêche, il existe des dispositions particulières dans l’AE.
5. Combien peut-on recevoir : montants et calculs

Le montant des prestations d’assurance-emploi que vous pouvez recevoir dépend principalement de vos revenus assurables pendant la période de référence. Voici comment ça fonctionne généralement :
- Taux de base : l’assurance-emploi verse typiquement environ 55 % du salaire hebdomadaire assurables, jusqu’à un certain maximum.
- Plafond des gains assurables : chaque année, Service Canada détermine un plafond sur les salaires pris en compte pour le calcul des prestations. Cela signifie que même si vous gagniez beaucoup, seules les sommes jusqu’au plafond sont prises en compte pour le calcul.
- Durée des prestations : le nombre de semaines pendant lesquelles vous pouvez percevoir des prestations varie selon le nombre d’heures travaillées dans la période de référence et le taux de chômage dans votre région. Par exemple, dans des régions avec un chômage élevé, vous pourriez avoir droit à un nombre de semaines plus élevé. La durée peut varier typiquement de 14 à 45 semaines selon les cas.
- Réductions selon revenu déclaré : si vous travaillez à temps partiel ou gagnez un peu de revenu pendant que vous recevez l’EI, ce revenu sera pris en compte. Il y a souvent des « seuils de tolérance » (earnings exemption) : une portion de vos gains peut être exclue du calcul, mais au-delà, cela réduit vos prestations.
6. Cotisations à l’assurance-emploi : qui paie ?

Le financement de l’assurance-emploi repose sur les cotisations des travailleurs et des employeurs :
- Employés : une partie de votre salaire est automatiquement prélevée pour l’assurance-emploi.
- Employeurs : ils cotisent également, souvent à un taux plus élevé que les employés (par exemple, 1,4 fois la contribution des employés, selon certaines données).
- Travailleurs indépendants : ceux qui optent pour l’assurance-emploi paient aussi des cotisations en fonction de leur revenu assurable.
- Particularité du Québec : du fait du RQAP, certaines cotisations ou modalités peuvent différer, surtout pour les prestations parentales, puisque le Québec gère son régime d’assurance parentale de façon distincte du fédéral.
7. Comment faire une demande d’assurance-emploi
Faire une demande d’assurance-emploi peut sembler complexe, mais si vous suivez les étapes correctement, c’est tout à fait faisable. Voici un guide pas-à-pas :
- Accéder au site de Service Canada : la demande se fait principalement en ligne via le portail d’assurance-emploi de Service Canada.
- Préparer les documents requis :
- Relevés d’emploi (RE) : obligatoire ; il s’agit de documents que vos anciens employeurs doivent vous fournir, indiquant les heures travaillées, salaire, etc.
- Numéro d’assurance sociale (NAS) : nécessaire pour l’identification.
- Coordonnées bancaires : pour que les paiements d’assurance-emploi soient déposés directement.
- Adresse, renseignements personnels et sur votre emploi précédent.
- Soumettre la demande en ligne : vous remplissez un formulaire, téléversez les RE et autres pièces justificatives.
- Faire des déclarations périodiques : généralement toutes les deux semaines, vous devez déclarer :
- si vous avez travaillé, combien d’heures, et vos revenus ;
- vos efforts de recherche d’emploi (ou d’autres motifs d’admissibilité si vous ne travaillez pas) ;
- tout changement dans votre situation (par exemple, si vous déménagez, si vous partez en formation, etc.).
- Recevoir l’évaluation : Service Canada va vérifier votre demande, vos RE, vos heures, et vous informer du montant que vous recevrez, la durée des paiements, etc.
- Commencer à percevoir des prestations : si votre demande est acceptée, les paiements débuteront après la période de carence.
8. Obligations pendant la réception des prestations
Recevoir l’assurance-emploi implique certaines responsabilités que vous devez respecter pour continuer d’être éligible :
- Être disponible pour travailler : vous devez démontrer que vous êtes prêt à accepter un emploi convenable si on vous le propose.
- Chercher activement du travail : il faut signaler vos efforts de recherche d’emploi lors des déclarations périodiques.
- Déclarer tous vos revenus : si vous travaillez pendant que vous recevez les prestations, même à temps partiel, vous devez le mentionner. Cela peut affecter le montant que vous touchez.
- Informer des changements : tout changement dans votre situation (adresse, état de santé, disponibilité, revenu) doit être déclaré à Service Canada pour éviter des paiements incorrects ou des remboursements exigés plus tard.
- Respecter les conditions de voyage : partir en voyage ou quitter la région sans en informer Service Canada peut compromettre vos prestations, sauf dans certains cas autorisés.
9. Assurance-emploi et impôts
L’argent que vous recevez via l’assurance-emploi est considéré comme un revenu imposable :
- Vous devez déclarer vos prestations d’AE dans votre déclaration de revenus à la fin de l’année.
- Service Canada vous envoie un feuillet T4E, qui indique le montant que vous avez reçu. Ce document est nécessaire pour faire vos impôts.
- Le fait de toucher l’AE peut avoir un impact sur d’autres prestations ou crédits d’impôt, selon votre situation fiscale globale.
10. Particularités pour les nouveaux arrivants au Québec
Pour les immigrants qui vivent déjà au Québec, il y a quelques points spécifiques à connaître :
- Statut d’immigration : tant que vous travaillez légalement au Québec (avec un permis de travail, ou comme résident permanent, etc.) et que vous cotisez, vous pouvez être admissible à l’assurance-emploi.
- Coordination avec le RQAP : le Québec a son régime d’assurance parentale (RQAP) qui entre en jeu lorsque vous demandez des prestations parentales. Cela signifie que l’AE peut ne pas couvrir complètement votre congé parental si cette partie est déjà prise en charge par le RQAP.
- Droits et devoirs : en tant que résident permanent, il est essentiel de comprendre vos droits (et vos obligations) pour éviter des erreurs dans vos déclarations ou demandes.
- Possibilité d’interruption : si vous prévoyez de retourner dans votre pays d’origine ou de déménager, cela pourrait affecter vos prestations d’AE, il faut bien planifier.
11. Conseils pour maximiser ses chances et bien gérer l’assurance-emploi
Voici quelques recommandations pratiques pour tirer le meilleur parti de l’assurance-emploi :
- Conservez tous vos documents : gardez soigneusement vos relevés d’emploi, vos carnets de paie, vos reçus de recherche d’emploi, etc.
- Soumettez votre demande rapidement : plus vite vous appliquez après avoir perdu votre emploi, plus tôt vous pouvez commencer à percevoir des prestations.
- Préparez votre recherche d’emploi : définissez des objectifs, créez un plan de recherche, inscrivez-vous à des alertes d’emploi, participez à des ateliers, etc.
- Explorez la formation : si vous envisagez une reconversion, renseignez-vous sur les formations admissibles tout en continuant à percevoir l’AE (si permis).
- Soyez vigilant avec vos déclarations périodiques : reportez correctement vos heures, revenus, changements — même une petite erreur peut avoir des conséquences.
- Anticipez la fiscalité : préparez-vous à déclarer vos prestations AE lors de votre déclaration de revenus, et prévoyez un montant à mettre de côté si nécessaire.
- Consultez un expert si besoin : un comptable ou un conseiller en emploi peut vous aider à optimiser vos démarches, surtout si votre situation est complexe (nouvel arrivant, travailleur indépendant, etc.).
12. Limites et pièges à éviter
Même si l’assurance-emploi est une aide précieuse, il y a des limites et des pièges à avoir à l’esprit :
- Non-assurabilité : certains emplois (peu structurés, informels) peuvent ne pas être « assurables » selon Service Canada, et donc ne pas donner accès à l’AE.
- Pas de paiement immédiat : la période de carence de 7 jours peut signifier que vous n’êtes pas payé dès le départ.
- Durée limitée : même si l’aide peut aller jusqu’à 45 semaines, ce n’est pas illimité.
- Déclaration incorrecte des revenus : si vous oubliez de déclarer un revenu ou que vous le faites mal, vous pourriez devoir rembourser des prestations plus tard ou être pénalisé.
- Manquement aux obligations : ne pas rester disponible pour travailler ou refuser des offres sans justification peut entraîner la perte des prestations.
- Complexité fiscale : recevoir des prestations AE peut compliquer votre déclaration de revenus, surtout si vous avez d’autres sources de revenus.
13. Perspectives d’avenir
À long terme, l’assurance-emploi reste un pilier de la sécurité sociale pour les travailleurs au Canada, y compris les immigrants. Cependant, plusieurs tendances sont à surveiller :
- Les changements dans le marché du travail (ex : plus de travailleurs temporaires, plus de travail indépendant) pourraient pousser Service Canada à adapter les critères d’admissibilité ou les cotisations.
- L’augmentation des coûts de la vie pourrait amener à des réformes, notamment sur le montant ou la durée des indemnités.
- Les politiques d’immigration et d’emploi (fédérales et provinciales) peuvent évoluer : par exemple, des initiatives pour encourager les travailleurs à rester dans certaines régions ou à contribuer à des secteurs stratégiques.
- Les travailleurs immigrants bien informés et bien préparés pourront tirer avantage de ces dispositifs pour se sécuriser et planifier leur avenir professionnel au Québec.
Conclusion
L’assurance-emploi au Québec est un filet de sécurité essentiel pour les travailleurs qui perdent leur emploi, tombent malade ou prennent un congé parental. Pour les nouveaux arrivants, c’est un mécanisme d’aide très précieux, à condition d’avoir cotisé via un emploi assurable. Comprendre les conditions d’admissibilité, savoir comment faire une demande, respecter les obligations pendant la perception des prestations et bien gérer votre situation fiscale sont des étapes clés.
En étant bien préparé — en conservant vos documents, en restituant vos heures, en déclarant vos revenus — vous pouvez bénéficier pleinement de l’assurance-emploi tout en planifiant votre avenir professionnel. Ce soutien peut vous permettre de traverser des périodes difficiles tout en continuant à construire votre vie au Québec.
Après avoir exploré vos droits et protections comme travailleur au Québec avec l’assurance-emploi, il est tout aussi important de savoir comment protéger vos biens. Parmi eux, votre voiture représente un investissement majeur et il est essentiel de choisir la bonne assurance auto pour économiser tout en étant bien couvert. Dans le prochain article, nous vous donnons des conseils pratiques pour comparer les offres d’assurance auto au Québec et réduire vos coûts sans compromis sur la sécurité.

